Il est le premier Chef du Mouvement « COMBAT », Résistant de la première heure. Raoul TEXTORIS est né le 14 avril 1901 aux Arcs sur Argens (Var), négociant en vins, militant socialiste SFIO, il est domicilié au 9 boulevard Gambetta, voisin du coiffeur Louis AUDIBERT qui deviens membre de son groupe et boite à lettre à son commerce. De la classe 1921, il est recruté à Nice pour son service national. Il se mari en août 1927 à Draguignan et devient conseiller municipal des Arcs, le 5 mai 1929, sur la liste « d’union socialiste et républicaine ». Réélu le 5 mai 1935 , il démissionna le 31 mars 1941 alors que s'instaure le gouvernement de Vichy qu'il refuse formellement.
Contacté par le colonel BLUM en novembre 1941, il est le fondateur du mouvement “Combat“ dans le canton de Draguignan/ Les Arcs.
Raoul TEXTORIS alias "Berger" fut l’un des premiers dirigeants des manifestations du 14 juillet et du 11 novembre 1942.
Arrêté par l’OVRA, (Police Italienne) le 1er février 1943, il fut condamné à Breil sur Roya à trois ans et demi de détention le 5 juin 1943 et restera emprisonné en Italie (Turin, Saluzzo) jusqu’en avril 1945. Repris par les Allemands, il fut définitivement libéré le 24 avril.
Il sera hélas grandement affaiblit par les conditions de sa déportation et gardera toute sa vie de graves problèmes de santé.
Nous avons pu retrouver un courrier de Raoul TEXTORIS ou il raconte les grandes lignes de sa période 1940.1945 :
En juin 1942, après une dizaine de mois de prospection dans l'arrondissement de Draguignan, j'ai la certitude d'avoir déjà un millier d'adhérents, jeunes et décidés. Je fais part au père RONDEILLAC de Draguignan, de mes soucis concernant la recherche d'un chef militaire pour commander l'Armée secrète, me réservant la section propagande.
"Viens me voir demain " me dit-il, "à 10 heures, je te mettrai en relation avec le Colonel FOURRIER, qui commandait le 363em de Draguignan et qui venait d'être mis en disponibilité en raison comme moi de son appartenance à la Maçonnerie.
Voilà comme j'ai pris contact avec le Colonel FOURRIER et comment le mouvement "COMBAT" s'est doté du premier chef de l'Armée secrète dans le Var."
Et c'est avec lui et CASSOU que nous avons constitué le premier dépôt d'armes de la Foux entre Trans et Draguignan. J'avais déjà transporté des Armes à L'Hotel de France à Saint Raphaël ou Paul BAIN les avait caché dans un faux plancher. C'est moi même qui les ai transporté avec ma moto et une remorque, il y en avait plus d'une centaine. C'est également avec FOURRIER, SOLDANI, GILLY et CASSOU que fut organisé à Draguignan une manifestation le 11 novembre 1942 au cours de laquelle deux filles du Colonel déposèrent une gerbe de fleur puis se déroula un défilé à la barbe des Italiens, empruntant l'esplanade, la rue Labat, le boulevard Jean JAURES tout en chantant la Marseillaise. J'avais également organisé la même manifestation à mes contacts sur St Raphaël, JOUVET, OSEE et MARTIN.
Fin 42 je fus convoqué au 11 rue Venture à Marseille à une réunion des chefs d'arrondissement des Bouches du Rhône, des Basses Alpes et du Var. Le Colonel FOURRIER, Le Colonel BLUM allias "Robert" et le Commandant AUCHER m'accompagnaient. Il y fut question de la préparation des futurs maquis dans notre région.
Je ne devais jamais mes connaitre et ce fut SOLDANI qui pris la relève après mon arrestation à la tête des chefs locaux et cantonaux de l'organisation c'est à dire pour Draguignan : FOURRIER, GILLY, CASSOU, LUCIANNI, PIQUEMAL, MEISSEL, PIMARETTI. Aux ARCS : Julien BRUN, André CHARRIER, Georges CISSON, E.PELLERUD, TROMPETTE, FRANCHESCI. A Saint Raphaël : Faby OSEE, JOUVET, MARTIN, Paul BAIN. à Fréjus : Henri GIRAUD, GUICHARD. A Cavalaire : GAILLARD, Au Lavandou : ANDRAU, à Lorgues PERRIN, au Muy : FABRE et DEMATTEÏS, à Brignoles FERRARI....(je cite ici de vieux amis de mémoire et m'excuse d'éventuels oubli.)
"Arreté par l'OVRA qui était à l'Italie ce que la Gestapo etait à l'Allemagne, je suis immédiatement transporté à Vidauban pour un premier intérogatoire. , puis à Draguignan où je tente de m'évader. Tranférré à Menton puis à Vintimille, puis à Beuil sur Roya, je passe en avril 1943 devant le tribunal militaire me condamne à la prison. Nouveau transfert qui me conduit à Turin ou je paie ma tentative d'évasion par 30 jours dans une cellule presque noire de 7m2.
Les interrogations régulières étaient extrêmement musclées, barbares et dégradantes. Tous ces transferts s'effectuaient avec menottes, elles mêmes reliées à des chaines de 2 mètres environs entres chaque prisonniers.
Mon dernier transfert en juin 1943 me conduit à la maison pénale de Saluzzo. Nous étions environs 350 détenus, droits commun, 120 à perpétuité, le reste entre 15 et 30 ans. Il n'y avait que deux Français, un jeune Lyonnais de 20 ans arrété pour fait de résistance et moi même. Il mourra en septembre de la tuberculose contracté lors des fameuse "douches" lors des intérrogatoires. La seule soupe journalière ne suffisait pas pour le sauver. J'avais suivi le même chemin avec mes 43 kilos à mon internement à l'hopital en janvier 45, j'arrive aux Arcs le 30 Avril.
À son retour aux Arcs, il milite dans le Mouvement de Libération nationale et à l’UDSR. Franc-maçon. Il s’oppose ainsi aux partisans du maintien de l’union de la Résistance, rassemblés alors autour d’Édouard SOLDANI. Il en résulta une rivalité durable avec ce dernier qui se manifesta lors de la désignation des différents candidats aux élections.
Il devient maire socialiste des Arcs sur Argens en 1946 et le restera jusqu’en 1972. Sa gestion municipale autoritaire lui attira de nombreuses critiques qui trouvèrent, à deux reprises, des issues judiciaires mais il restera pour tous l'un des plus grand résistant du département du Var mais aussi pour sa ville le sauveur du quartier médiéval des Parages qui n'étaient que champ de ruines et dont il fut à l'origine de la réhabilitation.
Il sera élevé au grade de chevalier de la légion d'honneur.
Il meurt aux Arcs le 3 avril 1988 et fut bien souvent resté dans l'oubli.
Il fallut attendre nos recherches en 2010 pour que son courage et le récit de sa vie soit mis au grand jour, nous sommes fiers de lui dédier cet article lui est dédié.
merci de nous contacter pour l'identification de certains conseillés municipaux.
1 : 2 : Fernand PASCAL 3 :
4 : 5 : 6 :
7 : André JAUFFRET (maire de 1972 à 1989) 8 : René PASCAL 9 : Jean BERARD
10 : 11 : 12 : Raoul TEXTORIS
13 : Joseph MARIUS 14 :
Sources : Nos recherches aux archives des Armées Paris-Vincennes/ operation-dragoon.com. / Maitron la Sorbonne/ famille Textoris.
Commentaires :
Message du Mardi 03 mai 2022 :
Bonjour un grand merci pour cet article, qui rend hommage à mon grand-père et au-delà à ma grand-mère et mon père, décédé l'an dernier, et un des plus jeunes agents de liaison de la résistance (Des courriers d'Edouard Soldani l'attestent, dont en particulier une action directe de mon père lui a permis de ne pas être arrêté à son tour).
Très sincères salutations. R.Textoris.